Vendredi 11 mai : Alcuéscar - Valdesalor 28 km
Hier en arrivant au
gîte, comme ça se fait généralement, je dépose mes chaussures de
marche dans le râtelier prévu à cet effet. Ce matin, au moment de
les reprendre, surprise : mes pompes ont disparu. Dans ces cas-là on regarde plusieurs fois, on sort pour mieux les examiner celles
que l'on croit ressembler aux nôtres, mais là rien. À ce moment la
détresse nous envahit, le taux d'adrénaline monte à son plus haut
niveau, car que faire en pleine campagne sans ce qui est devenu son
outil de travail ? J'interroge l'hospitalière qui est aussi
dépitée que moi, car elle tient à préserver l'image de son
établissement : elle n'a rien remarqué de particulier. Vient
le moment d'ébaucher un scénario : le Décathlon le plus
proche est à une centaine de kilomètres, il faut donc
abandonner l'idée de pouvoir acheter une nouvelle paire. Il y a la
solution de partir avec ses chaussures du soir, mais elles ne sont pas
faites pour la marche et là, gare aux ampoules ! Après ces
instants de réflexion, je me dis que je suis sur le Camino, que ça
ne peut pas être un vol, que c'est forcément un pèlerin qui se
sera trompé. Il y a un bar en face du monastère dans lequel les
derniers à avoir quitté l'albergue sont encore en train de prendre
leur désayuno (petit-déjeuner). J'y cours espérant y trouver le
coupable. En entrant je salue tout le monde d'un « buenas
dias », la plupart sont des connaissances, lâchant ensuite
: « quelqu'un est parti ce matin avec mes chaussures ». À
ce moment-là, Marc qui prend son café avec Dominique, regarde ses
pieds et me dit « putain c'est moi ! » avant de se
confondre en excuses. Soulagement ! Chaque fois que j'ai pu
éviter de mettre mes godillots dans ces râteliers « partagés »
je les ai glissés sous mon lit, et tant pis pour l'odeur, car j'ai
toujours imaginé qu'une telle erreur a toute chance de se produire ;
en effet qui a-t-il de plus ressemblant à une paire de chaussures de
marche qu'une autre paire de chaussures de marche ?
Après cet incident de démarrage, je reprends le
chemin : toujours le beau temps, toujours de belles prairies
couvertes de fleurs ; ici je dois attendre qu'un troupeau de
moutons libère la voie, plus loin ce sont de jeunes bovins qui
paissent de part et d'autre du camino sans aucune clôture pour nous protéger.Le gîte municipal de Valdesalore n'est pas très grand. Une heure après mon arrivée il affiche déjà complet. C'est Julia qui le gère ; elle est aussi la propriétaire d'un bar au village et pour les formalités d'entrée (crédentiale, règlement) elle nous demande de nous rendre à son bar, c'est là qu'elle a le tampon et la caisse. Ça sent à plein nez le conflit d’intérêt ! Ce qui se confirme au dîner, car aucun pèlerin ne manque à l'appel ! Pour ce qui me concerne, j'ai retrouvé Marc Dominique Serge et Kirski. Encore une de ces belles soirées du Camino !
Au bar de Julia : Marc, Dominique, Kirski, Serge |
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